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André Dupuy, Chevalier de l'Ordre des Palmes Académiques

Né à Lavit, au cœur de la Lomagne, en 1928 et décédé en 2018, André DUPUY appartenait à la dernière génération qui parla la Langue d’Oc avant le français appris sur les bancs de l’école. Il a franchi les limites de son pays vers sa quinzième année seulement, excepté pour se rendre quelques fois aux marchés de Castelsarrasin et plus rarement de Valence d’Agen. Le milieu rural dans lequel il vécut ne connaissait pas l’électricité et les automobiles y étaient rares, les déplacements se faisant à pieds, parfois en vélo, le plus souvent à cheval. Le grand évènement hebdomadaire était le marché de Lavit, le vendredi, dont la renommée s’étendait à une centaine de kilomètres à la ronde. C’était la Lomagne de toujours.

Certains diront qu’il connut une enfance retardée mais André DUPUY en tira grand profit. Il eut ainsi le temps d’apprendre à connaître le pays profond, privilégié par son appartenance à ce milieu dont il entreprit très tôt l’étude. La documentation orale qu’il put ainsi collecter dans tous les domaines ferait aujourd’hui le bonheur de bien des ethnologues. Il y joignit la documentation écrite dont l’interprétation lui fut grandement facilitée par sa connaissance des anciennes générations, de leurs mœurs, de leur langue. Ainsi, les personnages qui surgissaient de tel ou tel document d’archives avaient pour lui un air de connaissance et le dialogue pouvait s’établir rapidement entre eux.

Il découvrit que le « patois », sa langue de tous les jours, bannie de leur usage par les « gens bien », était une vraie langue, au même titre que celles reconnues officiellement, appartenant à une brillante civilisation qui avait eu des malheurs. Il lui est toujours resté fidèle. Il découvrit vers la même époque que Lavit avait été la capitale de la vicomté et pays de Lomagne. Il voulut en savoir davantage.

Ambassadeur de la culture occitane

En 1966, il fondait la maison d’édition Lo Libre occitan qui se voulait, selon sa devise : Au service de la culture d’Oc. L’effort porta non seulement sur la publication mais aussi la diffusion de nombreux ouvrages en occitan qui se distinguèrent tant par la qualité des textes que par leur présentation. Sergio Salvi dans Le nazioni proibite (Editions Vellechi, p.483) parlera des activités « … indubitablement de haut niveau » de la maison d’édition « Lo Libre occitan »… ».
 
Elles eurent leur prolongement dans l’œuvre qu’entreprit André Dupuy dans les décennies qui suivirent car il se fit le vulgarisateur de la culture occitane. Il publia d’abord la Petite Encyclopédie occitane (1973) dont la parution constitua un événement tant par le genre de l’ouvrage, nouveau dans le domaine occitan, que par la présentation. « Cet homme ouvert, pouvait-on lire dans Sud-Ouest, d’esprit entreprenant, humaniste envers et contre tout, qui se veut autodidacte, a su jeter un regard neuf sur le monde occitan. Dans la difficulté même (…), du temps qu’il affrontait l’adversité, du temps que ses amis l’avaient abandonné, il pensait déjà à cette encyclopédie où il viderait l’essentiel de ce qu’un homme d’aujourd’hui doit savoir sur l’Occitanie ».
 
En 1980 paraissait le premier volume de l’Histoire chronologique de la civilisation occitane et Paul Mesplé, conservateur honoraire du Musée des Augustins de Toulouse, écrivait : « (…) qu’il s’agisse de la grande ou de la petite histoire, le volume est d’une richesse rare et prenante tels que le sont les dictionnaires qui ne sont pas ennuyeux. »
 
L’âge avançant, André DUPUY a dû songer à concrétiser la promesse faite à la Lomagne dans sa jeunesse, promesse qui lui est toujours restée présente à l’esprit puisqu’il n’a jamais cessé de glaner, d’engranger pour que la moisson soit plus belle. Jugez, La Lomagne à elle seule aura l’équivalent des mille pages consacrées à la Civilisation occitane. En décembre 1990 est paru le premier fascicule, avec l’aide du Conseil Régional de Midi-Pyrénées. Trois autres ont suivi, tous aussi surprenants par la richesse de leur documentation, « (…) le savoir et l’amour de la Lomagne que vous distillez dans votre publication », comme lui écrit un lecteur étranger. L’âme du pays monte à travers ces pages.
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Ses lecteurs lui écrivaient. En voici quelques extraits : 
 
Petite Encyclopédie occitane 
 
« Votre encyclopédie occitane m’a appris beaucoup et, dans certains domaines, elle m’a montré la justesse de pensées qui me venaient confusément à l’esprit. En la lisant, j’ai éprouvé les joies du cœur et de l’esprit que l’on ressent en retrouvant des souvenirs de jeunesse ou en recevant des nouvelles d’amis depuis longtemps partis. » 
(1973 – Conseiller à la Cour d’Appel de Montpellier).
 
« J’ai acheté récemment la dernière édition de la Petite Encyclopédie occitane, version bien améliorée et superbe. Tu auras fait un travail admirable de la plus grande utilité. Ce sont des ouvrages qui devraient figurer dans toutes les bibliothèques. » 
(1998 – André Lagarde).
 
Histoire chronologique de la civilisation occitane.
 
« Encore une fois, il n’y a pas que les universitaires pour réussir de l’excellent travail. Encore une fois vous avez prouvé que la puissance intelligente et le sens poussé de l’organisation et de la documentation de A à Z et de la création volontaire peuvent conduire à des résultats solides. » 
(1980 – J.-G. Gigot, Conservateur en chef honoraire des Archives départementales de l’Hérault).
 
« Originaire de l’Hérault, égarée en Seine et Marne, je me passionne pour tout ce qui me rapproche du Languedoc, passé ou présent. Ma lettre peut se résumer en une phrase : Merci Monsieur Dupuy de me permettre de retrouver à travers vos livres, mon Midi qui souvent me manque. C’est peut-être puéril, mais je voulais vous le dire. » 
(1980 – Nadine Belluc).
 
« Le tome troisième de l’Histoire chronologique de la civilisation occitane m’est bien parvenu. Outre qu’il sous-tende perpétuellement une résonance affective, l’ensemble de ce travail reste inégalé, pour le « Midi », et lui procure des références sur un large répertoire. » 
(1998 – Daniel Henry).
 
« J’ai bien reçu les trois tomes de l‘Histoire chronologique de la civilisation occitane. Ces ouvrages sont d’un grande richesse et procurent un plaisir évident à leur lecture. C’est un travail remarquable. » 
(1998 – Serge Clos-Versailles).
 
La Lomagne
 
« J’y trouve toute la culture d’un peuple qui a une longue histoire sur une terre bénie des dieux, qui sait bâtir et respecter ce qui est beau. » 
(1991 – Roland Vernli, professeur à l’Université de Genève).
 
 » Trois fascicules sur la Lomagne viennent de me parvenir. Je vous présente mes remerciements les plus sincères et mes félicitations pour le sérieux de votre entreprise, son contenu, votre constance, et vos promesses remplies jusqu’au bout. J’imagine que cela n’a pas dû toujours être facile. Mais le résultat en vaut la peine. » 
(2001 – Daniel Henry).
 
« J’admire votre travail et l’énormité des recherches qu’il a fallu effectuer pour arriver à un résultat aussi concis que précis. » 
(2001 – Simone Gallene).
 
« J’accuse réception des fascicules. Déjà j’ai pu parcourir quelques pages de cette œuvre immense et je tiens à vous témoigner mon admiration pour tout ce travail, pour tant de détails et surtout pour tant d’amour pour ce petit pays. La Lomagne peut-être heureuse de vous compter parmi ses enfants. » 
(1997 – Joan Labouchère, Pays-Bas).
 
« (Fasc. n°2) Les photos anciennes, les plans et les cartes rendent très agréable cette présentation inédite d’une région. Quant on dit en occitan (ici en gascon) les choses de la vie, de la foi ou de l’histoire, on a l’impression de tout réapprendre. Le fascicule n°3 devrait plaire à beaucoup car l’âme véritable d’un pays se traduit dans sa cuisine ! En parcourant les pages consacrées au mobilier, à la vaisselle, à l’habillement ou à l’alimentation, le Lomagnol que je suis revivait son enfance. Le tableau est si réussi et si juste que c’est vraiment dans ce fascicule que j’ai senti monter l’esprit gascon. » 
(1991 – Georges Passerat).
 
Promenades en Lomagne
 
« Lorsque, à Beaumont, j’ai vu la photographie de couverture de « Promenades en Lomagne », j’ai bondi dessus et, depuis, de retour au Vénézuéla, je le déguste comme un magret éternel ! Je pense que des gens, comme vous, ont été essentiels dans la Renaissance occitane dont les fruits passeront, j’en suis persuadé, la promesse des fleurs. » 
(1996 – Hervé Bernés, Caracas Vénézuéla).